Séances de dramathérapie auprès d'un public adolescents avec des troubles du comportement

 

Cadre :

  • Séances régulières de 2h, temps de préparation et reprise, coordination avec l'équipe

  • Au minimum sur 12 séances

  • Groupe de 4 à 8 adolescents, présence d'un autre membre de l'équipe en co-thérapie

  • 150 euros par intervention

 

Qu'est-ce que la dramathérapie ?

  • La dramathérapie est l'utilisation de processus issus de l'art dramatique (improvisation, création d'histoires, masques, films ou photographie, textes mis en voix ou en mouvement) dans un objectif thérapeutique.
  • Les effets thérapeutiques tels que nommés par l'association nationale de dramathérapie américaine sont : l'entrainement à de nouvelles manières d'être, l'expérience d'être en relation (à l'autre et à soi) ; l'accroissement des rôles que l'on joue et la flexibilité à passer de l'un à l'autre, mettre en scène les changements que l'on souhaite pour soi et pour le monde.
  • La dramathérapie est une approche thérapeutique qui est théorisée et objet de recherches depuis plus de 35 ans (création de l'association en Grande Bretagne en 1975). Les processus thérapeutiques en œuvre sont décrits dans de nombreux ouvrages notamment en anglais.

 

Pourquoi la dramathérapie avec les adolescents ?

  • une approche indirecte, permettant une expression libre dans un cadre sécurisant: La dramathérapie peut travailler avec les aspects de la vie réelle (le psychodrame est considéré dans cet aspect, ainsi que le théâtre playback), mais la dramathérapie utilise de manière privilégiée le travail avec des formes projectives (marionnettes, histoires, personnages) et métaphoriques afin de permettre d'approcher les thématiques personnelles de manière indirecte, d'y proposer une transformation de la situation problématique et l'apparition de solutions alternatives. Ainsi, un des effets premiers de la dramathérapie est 'de révéler' les dynamiques en jeu de manière masquée et donc de contourner les réactions défensives empêchant le travail thérapeutique (S. JENNINGS). La mise en lien entre les situations abordées dans les histoires créées et les histoires personnelles réelles dépend de la dynamique et des possibilités de ce travail avec le groupe. La verbalisation et la prise de conscience n'est pas un facteur nécessaire dans cette approche. Pour des adolescents qui ont besoin préserver l'intimité de leur monde affectif tout en donnant un accès à l'expression et le lien avec l'autre, cette approche offre un cadre sécurisant permettant l'ouverture.

  • La possibilité de pratiquer en réel et en action de nouvelles manières d'être: alors même que l'approche peut apparaître ludique et légère, elle permet aux participants d'expérimenter d'autres rôles ou positionnements dans des interactions ou face à des situations rappelant des événements du réel. La réaction affective provoquée dans un contexte réel aurait amené à une impossibilité d'action ou alors à des réactions réflexes et pas toujours adaptées (fuite, contre-attaque). La mise en jeu permet dans un rôle nouveau- choisi ou attribué- et de vivre une nouvelle expérience. Cette nouvelle expérience positive et vécue dans un contexte sécurisant peut transformer des souvenirs passés en permettant moins d'affects négatifs. Pour des adolescents qui privilégient souvent l'agir au parler, cette approche est en adéquation avec leur vecteur spontané, tout en permettant un accès à la mise en sens et à la recherche de valeurs.

  • Une expérience valorisante et un sentiment de « pouvoir »(empowerment). Cette approche priorise la créativité sous toutes ses formes et va rechercher les potentiels chez chacun (plutôt que ses difficultés). Que cela soit par l'effet renarcissisant d'être sur scène et devant le regard des autres ou alors d'être le responsable de la caméra ou même le script de l'histoire, chacun est invité à une place nécessaire et constructive dans la dynamique du groupe. Les enjeux de ces places et les mouvements font partie prenante du processus thérapeutique. Pour des adolescents face à des phénomènes d'apparence destructive, cette approche considère en priorité le désir de l'être d'avoir un effet sur son environnement et l'amène à le faire de manière constructive.

 

Des exemples, des rencontres.

  • Une expérience auprès d'adolescentes dans un centre de jeunesse à Montréal (centre semi-ouvert pour jeunes avec des troubles du comportement): dans ce groupe qui a varié entre 3 et 8 filles, l'agitation physique et émotionnelle était très importante avec des dynamiques de jeux de pouvoir ainsi que des fragilités narcissiques importantes. Nous (avec une co-thérapeute) avons suivi leurs intérêts pour l'autoportrait et travaillé sur les différents rôles (théorie des rôles de R. LANDY) qu'elles s'attribuaient et projetaient en sculptant leurs camarades puis en les photographiant. Cela a permis l'expression de thématiques importantes qui ont pu être intégrées dans le travail sur leur perception d'elles mêmes telles que chez une la question de la maternité dans le désir d'un rôle social reconnu positivement ou chez une autre l'expression d'un sentiment de grandiosité pathologique (rôle de dieu ou de nymphomane) en lien avec une relation incestuelle avec son père. Le processus s'est ensuite poursuivi par la réalisation de courtes vidéos individuelles ou chacune scénarisait un moment de sa vie. L'une d'entre elle a pu ainsi se mettre au centre de son scénario en place de star alors qu'elle vivait un sentiment extrême de rejet par sa mère.
  • Dans le centre médico-psychologique pour enfants et adolescents où je travaille, j'ai mis en place un groupe de dramathérapie pour des jeunes avec des difficultés variées allant d'une inhibition, à des troubles des perceptions de la réalité associés à des troubles du comportement. Le travail porte sur l'expression et la perception des émotions et expressions corporelles, le positionnement de chacun dans la dynamique de groupe et la mise en scène d'histoires vraies jouées par les autres membres du groupe (théâtre Playback). Plusieurs effets ont pu être rapportés tels que la possibilité pour une jeune fille d'expérimenter l'expression de ses ressentis personnels dans le cadre de relation d'abus de pouvoir découlant de ses interactions à ses parents : « J'ai plus confiance en moi et je me sens capable de dire mes limites maintenant ». Une autre a pu vivre dans un moment de lâcher prise un positionnement d'enfant contrastant avec son histoire de ruptures relationnelles répétées et un besoin de contrôle intense. (possibilité de changer son rapport à soi et aux autres) . Un adolescent vivant avec une pathologie physiologique grave et répétant un phénomène d'exclusion dit, après avoir vu sa propre scène interprétée par ses pairs : « Oui, c'était exactement comme cela que ça s'est passé » (possibilité de se sentir entendu et compris). Enfin, un jeune qui sourit en prenant conscience des raisons des colères de sa mère suite à la représentation d'une scène où il amenait un sentiment d'injustice (possibilité de percevoir selon un autre point de vue).