Association Nationale de dramathérapie, rencontre annuelle, 27 et 28 janvier 2018, LYON

Association Nationale de dramathérapie, rencontre annuelle, 27 et 28 janvier 2018, LYON
Le 3ème rassemblement des dramathérapeutes et professionnels utilisant les arts scéniques à des fins thérapeutiques, sociales et éducatives se tiendra les 27 et 28 janvier 2018 à Lyon sur le thème :   "De soi à l'autre, de l'autre à soi".
 

Auto-empathie, Kathleen OLIVIER, atelier expérientiel

 

 

Les prémisses

 

J'ai toujours été tournée vers les autres. Enfant je créais une association où je retrouvais d'autres fillettes de ma classe, en difficulté scolaire et sociale, les samedis. De manière intuitive, je leur proposais des jeux, un investissement dans notre groupe. Peut-être aussi j’agissais ainsi intuitivement parce que je venais d'arriver dans cette école et cherchais un moyen d'y faire ma place.

 

Au collège, j'ai choisi des textes de théâtre, puis écrit les miens et rassemblé des amies et des enfants plus jeunes afin de créer ma première compagnie théâtrale. On a joué pour la bibliothèque du village, puis l'accueil de jour pour personnes handicapées où travaillais mon père. Je me sentais déjà décalée des autres adolescents de mon âge et ainsi, je trouvais un rôle social valorisant.

 

Puis je suis devenue thérapeute, dramathérapeute, et psychologue. Tout semblait faire du sens. Je travaillais à temps plein en pédopsychiatrie, élevais mes trois enfants, commençais à donner de la formation, de la supervision, avais mis en action ma compagnie de théâtre playback, créé l’association de dramathérapie...Je portais des actions, soutenais des personnes, je me sentais puissante et malgré la fatigue, chaque succès me donnais l’élan de poursuivre.

 

Au bout de 8 ans, j'ai commencé à sentir que je n'avais plus le désir de me rendre sur mon lieu de travail au quotidien, je commençais même à ressentir de la colère, à trouver injuste de m'occuper davantage des enfants des autres que des miens, j’avais mal au dos, je ne tolérais plus ma fatigue constante et surtout je ressentais le grand écart entre ce que je soutenais pour les autres : « Prenez soin de vous » et ce que je vivais moi-même. Des amies me renvoyait que je n’avais jamais de temps, je commençais à envier celles qui se gardaient des bulles pour elles-mêmes. Ma quatrième grossesse m'a permis de sortir de ce rythme, des discours inquiets de mes collègues, de faire le point sur ce que je vivais et de décider de démissionner de la fonction publique. Je n’ai repris un poste qu'à mi-temps dans une autre institution pour mettre en place des activités de thérapeutes mais aussi de créativité et de loisirs plus réguliers et avec davantage de flexibilité.

 

J'ai réalisé plus tard, en lisant sur le sujet que j’avais touché le burn-out / ou la fatigue de compassion ?!

 

Depuis que j'accueille des patients en libéral, il se trouve qu'une grosse partie de ma patientèle se compose de femmes, soignantes, mères, compagnes, filles, qui me rapportent des signes apparentés à ceux que j’ai connus : de la fatigue, de la colère, des doutes sur leurs compétences, une auto-dépréciation...ceci assorti de belles compétences d'empathie et un plaisir évident à accompagner leurs propres populations. Dans cette quête de trouver un rôle valorisant par ce qu'on apporte à l'autre, à quel moment l'oubli de soi atteint un niveau déséquilibré? Jusqu'à quel point peut-on offrir à l'autre ce que l'on voudrait pour soi-même sans en ressentir l'injuste manque ? Comment les conditions que l'on s'impose dans une société demandant un rythme et de la quantité sans cesse croissante peuvent rester cohérentes avec nos valeurs de qualité, d'écoute, de soin ?

 

C’est ainsi que j’ai décidé d’approfondir la question, pour mes patients, mes collègues, mes enfants, pour moi. L’atelier que je propose est un temps où les professionnels de l’accompagnement de l’autre peuvent prendre le temps de mesurer la quantité, la qualité, la manière dont nous prenons soin de nous-mêmes, mais aussi les origines, gains et risques de l’empathie.

 

Atelier expérientiel

 

  1. Temps centré sur ses ressentis personnels, décontraction par moments de tension/détente + amusement car grimaces sourcils, bouche, nez – on prend un pas sur nos rôles de professionnels « sérieux »....

 

  1. Une ligne au sol « niveau 0 » et pour chaque thème proposé, les participants font une avancée subjective en avant ou arrière de cette ligne selon leurs vécus personnels. Exemples de thèmes : « Lorsque j'ai envie de passer du temps avec mes amis, je les contacte » ; « Je continue à travailler lorsque je sens que j'ai besoin de sortir » ; « Je choisis comment je m’habille avec précaution pour m'y sentir bien » ; « Je mange chaque jour quelque chose que j'aime » ; « J'ai envie de danser mais je reporte le moment, etc.. ». Nous évaluons comment nous agissons selon nos besoins ressentis

→ Les participants sont surpris des comportements rappelés et semblent accéder à une perception nouvelle de leur quotidien, ce à quoi ils vont faire davantage attention, ou alors ils sont rassurés de leur capacité à s'écouter. Le travail en collectif semble aider à relativiser ou alors à affirmer un désir de changer.

 

  1. Petite discussion en sous-groupe pour argumenter sur des questions données (une par groupe) : « Qu'est ce qui fait devenir empathique ? » ; « Qu'est-ce que l'on gagne à être empathique? »; « Quels sont les risques d'un positionnement trop empathique ? » ; « Comment se prémunir d'être « trop «  empathique ? »

→ Temps interactif où chaque groupe argumente type interview : On évoque les origines du contexte familial, les relations précoces, les compétences relationnelles inhérentes ou non, l’adaptation, la sur-adaptation, l'oubli de soi, la colère, la rupture, l'équilibre...la difficulté à le trouver »

 

  1. En sous-groupe, à tour de rôle, l'un présente une de ses manières de se sentir bien; les autres le rejouent en miroir non exact afin d'expérimenter cette action, de l'intégrer un peu et que le premier puisse bénéficier comme témoin de cette expérience.

→ Comme action, sont jouées la douche, caresser ou jouer avec son animal, le repos, la marche ou présence dans la nature, la méditation...des ressources accessibles et efficaces, parfois sous-estimées.

 

  1. Dessin rapide d'une silhouette de son corps puis visualisation guidée selon 3 thèmes : Souvenir d'un moment où l'on s'est senti en sécurité, ressenti dans le corps, couleur... Souvenir d'un moment où l'on s’est senti capable de...lieu et couleur ; Souvenir d'un moment où on s'est senti important pour....puis placer les représentations visuelles et colorées dans la silhouette corporelle (inspiré de la technique de l’éponge, E.M.D.R.).

→ Temps d'échanges verbaux avec parfois la difficulté à retrouver cette situation positive dans son passé lointain, prise de conscience d'un manque et de ses effets encore actuels. Parfois pas de souvenir précis car vécu semble intégré en tout lieu, tout temps ; des expériences plus récentes, à l’âge adulte ont permis de construire ces ressentis positifs. Parfois apparition de la nécessité de mettre en place une réponse à ce besoin de base.

 

 

Quelques pistes sur la question de l’empathie

 

Pour Carl Rogers, l’empathie consiste à sentir le monde privé de l'autre comme s'il était le nôtre.

Considération inconditionnelle + authenticité = empathie

 

! Il y a différents types d’ empathies : émotionnelle, cognitive, comportementale. Le pervers narcissique est capable d'empathie cognitive, mais pas émotionnelle. Il ne va pas ressentir mais comprendre ce qu’il fait vivre à l’autre.

 

Faut-il être passé par la souffrance ? Mais la douleur est subjective.

 

L'inconscient collectif –dans nos sociétés- dit qu'il faut souffrir ?! « Comme la représentation de l'héroïsme, le sacrifice valorisé peut devenir une entrave à l'épanouissement » (Cyrulnik)

 

Lorsque prendre soin de l'autre contrôle sa vie jusqu’à la rupture

 

Signes de l’épuisement émotionnel: la baisse d'énergie, les troubles du sommeil, les changements dans l'alimentation, un sentiment de désintérêt, voire de désespoir; se négliger physiquement ou émotionnellement, l'impatience, l'irritabilité, l'argumentation, une angoisse face au futur, un sentiment déprimé, une difficulté aux tâches quotidiennes, des maux de ventre, de tête, moins de résistance aux maladies…

 

Des pistes de réponses ?

 

Connaître ses forces, ses vulnérabilités.

Reconnaître ses propres émotions

Trouver un temps rien que pour soi ; déléguer

 

 

 

 

Demander de l'aide (acte pour un soignant), pauses et prise de recul, prendre soin de son alimentation, son sommeil, faire de l'exercice

 

Retrouver sa propre créativité comme facteur de soin, de santé mentale.

 

Prendre soin de soi pour prendre soin de l’autre : Mettre son masque à oxygène avant celui de son enfant

 

 

Lectures

 

Ivres Paradis, bonheurs héroiques, B. Cyrulnik, Odile Jacob, 2016

Approche centrée sur la personne, Carl Rogers : http://acp-pr.org/caracteristiques.html

Revue pour les aidants : https://aider-larevue.fr/

The Artist’s way, J. CAMERON, 2016

E.M.D.R Une revolution thérapeutique, J. ROQUE, Desclée De Brouwern 2016

 

 

www.dramatherapiefrance.wixsite.com

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